Odyssée vers la Méditerranée
S10 | PFE | Aménagement du littoral
Alger | Algérie
Atelier | Stéphane Fernandez - Jean Michel Fradkin
Février 2020 - Octobre 2020
Alger fait partie de notre héritage méditerranéen.
Elle possède le caractère de nos villes du Sud, rebelle mais accueillante, intime mais animée, grande mais familière. Elle tisse un lien intime ambigüe avec la mer au fil du temps, entre ouverture et protection. Aujourd’hui elle est ouverte vers la Méditerranée au niveau économique mais plus au niveau urbain.
L’idée de mon projet est de rassembler à nouveau la ville et la mer, en travaillant sur les notions d’épaisseur, de socle et de murs.
Ainsi le socle du port, avec les célèbres arcades d’Alger sera prolongé de manière minérale, pour accueillir des services. Sous ces arcades, des circulations et stationnements de voitures seront installés pour libérer de la surface pour le piéton proche du littoral.
Ce socle, proposera une nouvelle façade maritime pour la ville en faisant échos aux anciens remparts historiques d’Alger.
Ce nouveau dessin du trait de cote s’inscrit dans une tradition de réécriture du littoral algérois. Il s’adresse directement à la ville, et plus particulièrement à la Casbah.
Il propose aux algérois des espaces publics maritimes et urbains pour que la ville et la mer puissent dialoguer de nouveau.
Des espaces hauts, en belvédère sur l’horizon, des espaces bas le long des flots, sont reliés par l’épaisseur du socle qui par des glissements laisse place à des escaliers et des pentes.
Cela crée ainsi des parcs, des rues piétonnes arborées, ou alors l’agrandissement du port de la Casbah.
Tout ces espaces sont rythmés par les joies essentielles que décrit Le Corbusier dans Poésies d’Alger. Il cite le soleil, l’espace et la verdure. Pour ma part, j’y rajoute l’ombre et la Méditerranée. Ils sont pour moi des éléments essentiels de notre architecture méditerranéenne.
Le socle accueillera aussi dans son épaisseur des bains publics. Lieux importants des sociétés orientales, ils permettent aux algérois de pratiquer l’eau et la masse de manière plus calme.
Le visiteur se glisse sous le sol d’une place et circule entre des blocs de béton sableux qui soutiennent le sol urbain. Le Bastion 23, une des fortifications ottomanes du 16e siècle, est pris en compte comme un bloc et les bains s’articulent autours.
On retrouve dans les bains un espace d’accueil, un lieu de restauration, des vestiaires, des bains, un solarium et des bassins de nage intérieurs et extérieurs.
Lieux importants des sociétés orientales, ces lieux faits d’interactions entre pénombres, ombres et lumières permettent aux algérois de pratiquer l’eau et la masse dans une atmosphère particulière.
Il y a toutefois une hiérarchisation des espaces à l’intérieur de bains afin de conserver une certaine intimité. Les masses, qui sont des espaces plus intimes, bénéficient de lumière plus filtrée soit toiture ou soir par des mouchards à biais.Les espaces plus collectifs sont quand à eux éclairés par des patios, des masses lumineuses ou des ouvertures sur le paysage.
Le toit, en plancher caisson permet de libérer les sols entre les masses, et d’augmenter la profondeur des plafonds, et accentue ainsi l’atmosphère mystique des bains orientaux.
Plus au Nord encore, un dernier espace urbain et maritime offre à a Casbah l’usage des joies essentiels. C’est une descente vers la mer, en venant récupérer l’habitant, chez lui, dans la Casbah directement.Cette descente s’effectuent par glissements entre des murs.
Un axe d’eau permet d’évoquer la mer vers laquelle cet espace nous dirige, tout en rappelant la richesse d’Alger grâce à l’eau.En coupe, la descente se forme par plusieurs terrasses, permettant d’obtenir des places horizontales. Elles sont arborées et des bancs y sont installées.
L’axialité de cette descente permet de souligner d’avantage l’horizontalité de la Méditerranée depuis les terrasses. Sur les places, l’axe d’eau apporte à ces lieux ombragés une fraicheur supplémentaire.
Le projet s’inscrit dans une tradition historique de réécriture du trait de cote algérois pour faire face à la montée des eaux.
Ces différentes changements de littoral ont au fil du temps modifiés le rapport entre la mer et la ville (ouverture, protection, renfermement).
Et aujourd’hui, la ville est ouverte sur la Méditerranée au niveau économique, mais pas au niveau urbain. Mon projet souhaite rassembler à nouveau Alger et la Méditerranée. Pour cela, je propose de retravailler l’épaisseur du socle de la ville en créant plusieurs espaces urbains et maritimes que les algérois peuvent s’approprier, ou s’y retrouver et profiter des joies essentielles entre ville et mer.
De nouvelles activités auront lieux autours de ce nouveau socle, au pied de la Casbah (port, place, bains, marchés…). Cela permettra d’augmenter son attractivité, et ainsi cela deviendra encore plus intéressant d’y habiter.
Ce socle, minéral, fait échos à la sédimentation historique du site, tout en proposant un voyage à la ville d’Alger. Un voyage qu’elle connait déjà mais qu’elle a oublié, une odyssée vers la Méditerranée.