Une nouvelle frontière pour le Hamma
S9 | Projet | Aménagement de l'entrée d'un parc
Jardin du Hamma | Alger | Algérie
Atelier | Stéphane Fernandez et Jean Michel Fradkin
Septembre 2019 - Janvier 2020
Le jardin du Hamma est le plus grand parc public d’Alger. Ce sont les français qui, lors de la colonisation, ont asséché des marécages pour créer un espace de rencontre, entre les montagnes, la ville et la mer. C’est à cette période que le parc a pris sa forme actuelle, en laissant derrière elle de grands tracés géométriques.
Avec l’évolution grandissante d’Alger, le parc fut séparé de la mer par une multitude de voies de circulation (autoroutes, voies ferrées) et par de nouvelles industries directement implantées sur la côte. Ces réalisations urbaines ont totalement défiguré le jardin.
Le projet propose de créer une sorte de frontière au jardin, qui le délimite pour le mettre en valeur et le protéger de ces réalisations urbaines.
Cette nouvelle « frontière » du Hamma est un projet de glissements entre des murs, qui permet au piéton d’avoir un espace à lui, protégé, en retrait de la circulation.
Cela crée une façade très minérale au Hamma. Cela donne l’impression au visiteur de pénétrer dans une masse pour s’échapper de la ville. Une masse fraiche, ombragée, qui permet de rentrer dans le parc cet profiter de la végétation luxuriante du parc.
Le glissement entre les différents murs crée une épaisseur qui devient un espace d’échange entre la ville et le parc. Chaque mur franchi marque une séquence pour le visiteur, qui s’éloigne de la ville, et se rapproche du parc. Des escaliers de quelques marches accompagnent cette gradation de l’espace et permettent d’adapter le projet à la topographie du site.
Les murs de cette nouvelle limite Nord pour le parc sont de différentes épaisseurs. Ils abritent les services pour le Hamma. Chaque entrée propose une nouvelle fonction pour le jardin.
Ainsi, trois espaces ont été créés; un espace d’administration, un espace d’accueil et un espace de représentation. A cela, on peut ajouter un espace de restauration, ouvert sur une clairière du parc.
L’espace de représentation est conçu pour animer la vie du parc. Il permettra à la ville de rentrer dans le parc, mais de manière contrôlée, à travers des spectacles ou concerts.
Il est composé de gradins pour le public, d’une scène et d’un fond de scène avec des loges pour les événements importants.
Lorsqu’il n’y a pas de représentation, le lieu reste ouvert au public, qui peut le traverser pour se accéder et pénétrer dans le parc.
Comme les trois autres espaces d’entrée, il est couvert d’une ombrière, créant une atmosphère particulière et protectrice pour le visiteur. Ces ombrières sont légèrement surélevées par rapport aux murs, pour donner l’impression qu’elles flottent et participent aux glissements des murs.
L’espace d’administration est refermé sur lui-même, éclairé par un patio central. Par cette entrée, le visiteur accède donc au parc et aussi à un espace de restauration. Cet espace permet de manger au milieu d’une clairière.
Les ombrières sont pensées comme un assemblage de poutres entremêlées. Celles orientées Nord-Sud, sont inclinées, pour faire face à un soleil plus haut et plus fort.
Les murs qui les soutiennent sont construits avec des pierres algéroises, très calcaires. Ce sont des modules de 1,00 x 2,00 x 0,80m, qui créent une grande inertie thermique pour les espaces. La pierre absorbe la chaleur du jour, et rend la fraicheur du soir.
Les espaces qu’ils abritent, sont couverts en toiture par des dalles en béton. Un principe de dalle sur plots contribuera à la protection à l’eau et aux températures. Elle soutiendra des plaques de pierres d’Alger pour donner l’impression extérieure d’un monolithe.